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Bakumatsu
la fin des Shogun

 

 Hajichi

 

Quand Okinawa était dirigée par des rois, les femmes d’Okinawa (Uchinanchu) se faisaient tatouer à l’indigo divers symboles sur le dos des mains (hajichi). Ces tatouages étaient des symboles de leurs changements de statut social (adolescence à femme mariée, naissances, etc.)

Dans les classes inférieures ces tatouages utilisaient des formes géométriques : les têtes de flèche représentaient les filles jamais retournées dans leur famille une fois mariées dans une autre maison (comme une flèche qui ne revient jamais à son point de départ) ; les cercles symbolisaient une bobine de fil et les carrés une boîte à couture : ces deux objets étaient importants car une fille ne pouvait pas se marier si elle ne savait pas coudre.

Chez les femmes de classe supérieure les dessins pouvaient être plus complexes, montant même fréquemment sur les bras mais on n’a pas trop d’explications sur leur symbolique. Toujours est-il que leurs hachiji avaient comme principal objectif d’assurer la protection de leurs maris et enfants, de chasser les démons, d’assurer la sécurité de la famille ainsi que d’apporter le bonheur. Les femmes utilisaient des "aiguilles" en bambou pour tatouer mains et avant-bras comme un charme protecteur.

Craignant de donner l’image d’un pays arriéré, le gouvernement Meiji décida en 1872 d’interdire à la fois de faire et de recevoir des tatouages. De plus, à partir du début du 20e siècle, porter des vêtements en public est devenu la norme. Ce contexte conduit l’irezumi (art du tatouage en général) à être pratiqué secrètement dans les milieux où il est historiquement fermement ancré : les tatouages japonais se dissimulent ainsi sous des couches de vêtements. Paradoxalement, ces circonstances ont peut-être contribué à renforcer le mystère autour de l’irezumi comme quelque chose de dissimulé, beau et empreint d’une profonde spiritualité.

Après l’annexion de 1879, la pratique du tatouage fut bannie, d'une part mal vue par la société japonaise mais de plus les autorités combattaient plus ou moins ouvertement les noro et les yuta afin d’asseoir leur autorité sur les populations : les tatouages étant également des symboles du rôle politique des noro et de l’autorité des femmes des îles. Chez les Aïnous et les habitants des Ryûkyû, l’interdiction du tatouage a eu un impact déterminant car les femmes furent obligées d’abandonner une coutume qui faisait partie de leur héritage culturel. Même si pendant un certain temps, certaines d’entre elles continuèrent à se faire tatouer en secret, elles furent rapidement découvertes par les autorités, qui ne se contentèrent pas que de les arrêter. En 1899 le gouvernement interdit aux tatoueuses qui étaient généralement la yuta ou la noro du village d'exercer leur art : c'était un moyen également de faire disparaître le rôle politique des femmes. Considérés comme une coutume barbare et dépassée, les hachiji étaient enlevés chirurgicalement ou avec de l’acide chlorhydrique. Aujourd’hui, aussi bien chez les Aïnous que dans les îles Ryûkyû, la pratique du tatouage traditionnel a complètement disparu. 

Dans les plantations d’Hawaï ou de Califormie où émigrèrent de nombreuses Uchinanchu , ces femmes aux mains tatouées étaient moquées par les Japonais « continentaux » et cette pratique fut bientôt considérée comme honteuse.

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Tatouages à Okinawa, Miyako et Oshima ?

Les attitudes actuelles ont évolué, la génération actuelle est redevenue plus consciente de ses traditions et une résurgence des tatouages féminins peut être observée chez les jeunes filles.

https://blog.janm.org/index.php/2015/08/27/the-secret-history-of-okinawan-tattoos/

 

Version Hagenauer (Notes ethnographiques, 1930)

Interview d'une vieille femme à Itoman :

"Les bateaux de Naha allaient en Chine, un des bateaux rencontra un banc de sable et s'échoua; alors une Ryuuguu no kami apparut et les sauva, leur disant de révérer la nuru de Nakagusuku comme un dieu. Quand ils rentrèrent, ils allèrent chez la nuru et virent qu'elle avait le même visage que la Ryuuguu et portait les mêmes tatouages."

Un carré représente un petit-fils, sinon un rond (mais le rond ne veut pas dire qu'on a un fils)...

On fit les tatouages de la vieille à 25 ans; l'opération dure de trois à six heures; le tatoueur est toujours une femme, elle a payé 40 sen, l'encre est importée de Chine.

Le tatouage est fait après le mariage et après le premier enfant né, mais on peut le faire avant d'avoir un enfant. Une femme mariée qui reste longtemps sans se faire tatouer est l'objet de risée et même de mépris. Et pusi les mains toutes blanches ne sont pas belles. Il semblerait que le tatouage soit un signe de propriété à l'origine : une femme tatouée ne pouvait devenir concubine d'un noble ou même du roi, voire de Satsuma... Dans certains villages les tatouages se faisaient dès 13 ans mais en général le jour du mariage... comparer aux sourcils rasés et aux dents noircies des femmes mariées au Japon.

Entretien avec un pêcheur : les hommes se font tatouer des pointes de flêche ou un trident sur l'intérieur de l'avant-bras pour devenir habile à la pêche. Si un mort n'est pas tatoué il ne va pas au "paradis": on lui peint des tatouages sur les mains.

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 https://www.pinterest.fr/arisawilliams/hajichi-okinawan-tattoos-%E3%83%8F%E3%82%B8%E3%83%81/?lp=true 

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